PRENDS TON PIED... 2

Au même titre que ta main, lui aussi est fatigué. Dès l'instant où tu l'as posé par terre en te levant le matin, il t'a supporté. Bien sûr, selon ton emploi du temps, tu lui as accordé quelques pauses : plusieurs fois au cours de la journée tu t'es assis, tu as même peut-être eu la possibilité d'allonger tes jambes ; mais ce n'étaient que des instants passagers. Lui le savait et de ce fait restait toujours sur le qui-vive, prêt à reprendre sa charge lorsque tu le déciderais. Certains jours, tu ne le ménages pas. Tu lui ordonnes de te conduire par monts et par vaux, à pas cadencés, pressés, pas toujours installé confortablement. Quelques fois, il a froid ; il lui arrive même d'être mouillé à cause d'une chaussure qui n'est plus étanche. D'autres fois, il souffre de douleurs diverses provoquées par un échauffement, par une déformation de cette matière qui l'entoure et bouscule son assise. Quand enfin le soir on le déshabille pour le laisser libre de ses mouvements, il commence à goûter les prémices d'un repos amplement mérité, bien qu'il y ait encore des allées-venues en perspective dans l'appartement. Encore un nombre infini de pas... Il préfère ne pas essayer de les compter et savourer cette semi-liberté retrouvée.

Il est temps à présent de le cajoler un peu. Le remercier de t'avoir accompagné, que dis-je ? De t'avoir porté tout au long de la journée.

A suivre

KinouKachou - Mai 2020