DONNE-MOI TA MAIN... (Fin)

Lorsque mes doigts rencontrent plus haut une ouverture où chacun trouve sa place dans l'espace qui s'offre devant lui, cinq pétales frémissent. Le mouvement de va-et-vient que j'effectue défroisse chaque phalange, libérant la sève qui s'active dans les vaisseaux comme la rivière qui aborde un courant plus rapide. Bien vite, les pétales se déploient en grand, sans plus de retenue. La main s'offre toute entière. Mes doigts reprennent alors à la naissance de la première phalange, la malaxant jusqu'à atteindre le premier nœud, celui qui les conduiront à la prochaine. Là, ils s'attardent. Ces articulations méritent que l'on prenne soin de leur souplesse. Le massage se poursuivra ainsi jusqu'à la troisième phalange, jusqu'au bout des ongles. Ce denier tronçon de doigt est doté d'une sensibilité particulière. C'est une sensibilité à fleur... Il faut ici caresser, effleurer, survoler. Il faut de la délicatesse à cet endroit. Beaucoup de délicatesse. C'est la partie la plus sensuelle du massage. C'est celle qui libère le plus grand plaisir. Mes doigts se concentrent davantage sur le plus gros des pétales. Celui-là a un rôle de Superdoigt. Il est celui qui permet de saisir avec précision. C'est le costaud sur qui l'on compte. Il se doit d'être fort, robuste, puissant. La phalange qui le précède est la plus fragilisée. Elle abrite un muscle sans arrêt sollicité, un muscle qui côtoie la tendre paume. Le massage doit y être enveloppant, il doit réchauffer pour que les tissus s'étirent, qu'ils libèrent leur tension.

Mes deux mains maintenant entourent la tienne. Une dessus, une dessous. Elles poursuivent leur massage jusqu'au poignet, plusieurs fois, laissant mourir leur mouvement à la naissance du bras. Ne bouge pas encore, repose-toi dans ce moment de délice. Si cela t'a plu, appelle-moi, je reviendrai.

FIN

KinouKachou - Mai 2020